Je te crois!

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Je te crois!

  • 05-08-2025
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"Je te crois" . Cette petite phrase est essentielle pour toutes les victimes de viols et d’agressions sexuelles. Car mettre en doute leurs dires crée la sensation d’une nouvelle agression.
Même si, la police et la justice sont aujourd’hui mieux formées pour accueillir correctement ce type de plaintes, il reste encore du chemin à faire pour détricoter les idées reçues et les stéréotypes de genre nés du patriarcat.
Ainsi le doute s’installe encore si, au moment de l’agression la victime portait une tenue jugée "aguichante" , si elle se promenait seule le soir, si elle avait bu, si elle était entrée "de son plein gré" chez son agresseur. Autant de pensées qui sont en lien avec le stéréotype selon lequel les hommes ne seraient pas maîtres de leurs pulsions et que c’est, par conséquent, aux femmes de faire attention.
Le doute est encore présent si la victime n’a pas bougé, crié, ne s’est pas enfuie. Cela est dû à une mauvaise connaissance du phénomène de sidération, qui fige la victime sur place.
Enfin le doute persiste si la victime se souvient de son viol des années plus tard, ce qui s’explique par une méconnaissance d’un puissant mécanisme protecteur appelé amnésie traumatique.
Et puis il y a aussi ce dont on parle difficilement, car cela pourrait être un argument utilisé par les vrais violeurs : il se peut qu’une victime accuse une personne d’agression sexuelle à tort, soit parce qu’inconsciemment elle veut protéger l’intégrité de son milieu familial (plus facile de croire que c’est le voisin plutôt que le grand-père) , soit par esprit de vengeance, pour faire porter à l’autre une violence qu’elle ne peut plus supporter en soi. Dans les deux , cas cette personne est en souffrance et il faudra en tenir compte. Mais il faudra aussi prendre en considération la souffrance de l’auteur présumé, qui devient alors une victime. Celui-ci vivra souvent l’enquête intrusive à son égard comme un viol de son intimité et se sentira à jamais sali par ces accusations. Car même s’il est totalement innocenté par la justice (dont la lenteur augmente la sensation de souillure), le mal sera fait et le doute, ici aussi, pourrait subsister.
Bérangère Lhomme – Absolem formations