Quand les odeurs ravivent l’horreur : désensibiliser les sens pour retrouver la paix

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Quand les odeurs ravivent l’horreur : désensibiliser les sens pour retrouver la paix

  • 05-08-2025
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Je m’apprêtais à écrire sur un autre sujet et puis j’ai vu un extrait de Quotidien avec les témoignages d’Olivier, Eric et Adrien victimes de violences physiques, psychiques et sexuelles à l’institution Notre-Dame de Bétharram en France.
J’ai entendu leurs sanglots retenus, j’ai ressenti leur effondrement, j’ai vu dans leur langage corporel la terreur intacte des petits garçons qu’ils ont été et la colère immense des adultes qu’ils sont devenus tant bien que mal.
Car le viol, particulièrement dans l’enfance, est une bombe à retardement que l’inconscient essaie de contenir et de contenir encore et qui détruit pourtant tout sur son passage : l’insouciance, l’estime de soi, la quiétude, la confiance en soi, la joie, l’enfance…
Et dans ces témoignages j’ai entendu ce dont on parle rarement, les odeurs : « … il m’embrassait le zizi et il m’embrassait de force, je me rappellerais toujours de son haleine, j’ai beaucoup de mal aujourd’hui avec les odeurs des gens en fait, c’est quelque chose qui restera gravé toute ma vie »
« ...son parfum je l’ai encore dans le nez et quand je croise quelqu’un qui a ce parfum je ne suis pas bien ».
On évoque souvent la vue ou le ressenti physique, mais le viol crée une sidération où l’horreur de ce qu’on a vécu se fige au travers de tous nos sens et touche donc aussi l’ouïe, l’odorat, le goût.
Au moment de désensibiliser une scène traumatique en hypnose, il sera donc souvent nécessaire de changer aussi les sons, les goûts et les odeurs.
Et c’est possible et c’est totalement libérateur.
Je me souviens de cette patiente qui a changé le parfum de son agresseur en une odeur de citron qu’elle appréciait et qui m’a dit plus tard : « c’est drôle, de temps en temps je sens le citron dans la rue, je me doute que ça couvre l’odeur de ce parfum qui me rendait malade, mais ça ne me fait plus rien … »
Bérangère Lhomme – Absolem Formations